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Comment les médecins intègrent la téléconsultation à leur organisation ?

80 000 : c’est le nombre d’actes facturés en téléconsultation par les médecins entre le 16 et le 22 mars 2020(1). Un bond de 100% par rapport au seul mois de février, dû, évidemment, à l’épidémie de COVID-19. Pour de nombreux généralistes, la téléconsultation ne fait, pourtant, pas figure de nouveauté. Au contraire. Ce mode de consultation « sans contact » fait partie intégrante de leur organisation depuis plusieurs mois. Rencontre avec deux d’entre eux.

Le témoignage du Dr Reveyron

Le Docteur Reveyron exerce en cabinet libéral dans les Alpes-de-Haute-Provence. Elle utilise la téléconsultation depuis un an. Horaires dédiés, éducation des patients, pathologies concernées ... La généraliste délivre ses bonnes pratiques pour une intégration optimale de la solution dans la gestion quotidienne de son cabinet.

La téléconsultation est-elle adaptée à la gestion de l’épidémie de COVID-19 ?

Indéniablement. Elle allège le risque de contamination et me permet de voir et de rassurer davantage de patients.

Dans quels cas utilisez-vous la téléconsultation ?

En ce moment, je l’utilise beaucoup pour les patients qui présentent des symptômes grippaux, mais pas seulement. De manière générale, je dirais que la téléconsultation constitue une forme de médecine rapide qui s’affranchit intelligemment de l’auscultation, lorsque cela est possible.
Je l’utilise, à cette condition uniquement, pour tous les patients qui connaissent déjà leur pathologie ou qui souffrent de maux bénins du quotidien. Je pense, par exemple, aux rhino-pharyngites, aux sciatiques, aux orgelets, ou encore aux otites… J’y recours, également, pour prescrire des arrêts de travail ou renouveler des traitements.

C’est aussi un moyen de rendre service aux patients qui ne peuvent pas se déplacer facilement. Les personnes âgées, évidemment, mais aussi les familles avec des enfants en bas âge.

Dans quels cas n’avez-vous jamais recours à la téléconsultation ?

Je la refuse lorsque l’auscultation est indispensable ou dans le cadre de « symptômes piège ». Je rends, par exemple, la visite en cabinet obligatoire pour l’établissement d’un certificat d’aptitude au sport, lors de douleurs abdominales ou de symptômes de pré-otite chez un patient que je ne connais pas. 

Comment utilisez-vous la téléconsultation dans la gestion quotidienne de votre cabinet ?

Chaque jour, je réserve un créneau horaire dédié. Il s’agit de la tranche 13h20 - 14h. Le choix de l’heure du déjeuner n’est pas anodin. Cela me permet de ne pas empiéter sur les autres plages horaires et de disposer d’un temps calme, nécessaire à la prise en main de mon outil.

Dédier un  créneau spécifique me permet, également, de concentrer toutes les consultations de ce type. Il est parfois compliqué d’alterner consultations physique et à distance, tout au long de la journée. 

Réservez-vous la téléconsultation aux patients que vous connaissez ?

Absolument pas. C’est la pathologie, et non le statut du patient qui me pousse, ou non, à proposer la téléconsultation.

Quels conseils donneriez-vous à vos confrères pour bien intégrer la téléconsultation à sa propre organisation ?

Je leur dirais de bien éduquer leurs patients en amont. Mon secrétariat leur propose, par exemple, des guides pour les aider à s’inscrire et les rassurer quant à la facilité de prise en main de l’outil. Cette étape, qui consiste entre autres, à saisir le numéro de leur moyen de paiement les effraie parfois. C’est, à mon sens, le rôle du cabinet médical de dédramatiser cette étape et de leur expliquer le parcours à suivre.

Des affiches dans ma salle d’attente ainsi que des prospectus leur permettent, également, de bien comprendre comment cela fonctionne. Il m’arrive aussi, très souvent, d’évoquer moi-même ce mode de consultation directement avec mes patients.

Le témoignage du Dr Amiel

Le Docteur Amiel exerce à Aix-en-Provence. La téléconsultation fait partie intégrante de son organisation depuis quelques mois. Lorsque l’interface proposée aux patients est simple d’utilisation, elle constitue, selon lui, une réponse parfaitement adaptée aux besoins de la médecine de ville, notamment en cette période de crise sanitaire.

Quelles sont les vertus de la téléconsultation pour faire face à l’épidémie de COVID-19 ?

J’exerce dans un cabinet de 8 praticiens. Nous sommes 3 généralistes. La téléconsultation évite le déplacement de personnes infectées, susceptibles de disséminer le virus un peu partout.

Certains de mes confrères ferment même leur cabinet pour n’exercer qu’en téléconsultation. C’est un peu excessif, à mon sens, mais cela montre la puissance et la pertinence du système.

Comment utilisez-vous la téléconsultation en ce moment, et de manière générale ?

Aujourd’hui, j’indique, via ma secrétaire virtuelle, qu’en cas de symptômes COVID-19, il faut consulter en ligne.

De manière générale, j’informe simplement mes patients que la téléconsultation est possible lorsque l’examen physique n’est pas obligatoire. A eux, ensuite, de choisir leur mode de consultation.
Dans les faits, je l’utilise surtout pour donner un renseignement, indiquer la conduite à tenir après des résultats d’analyse, transmettre une ordonnance, ou dans le cadre de pathologies légères (cystite, rhinorrhée…)

Avez-vous réorganisé votre cabinet depuis que vous utilisez la téléconsultation ?

Avant la crise sanitaire que nous traversons, je réservais certains créneaux à la téléconsultation (tôt le matin, ou le soir, après mes consultations).

Depuis l’apparition du COVID-19, je suis obligé d’alterner, tout au long de la journée, consultations physique et virtuelle tant le nombre de téléconsultations a augmenté.

Combien de téléconsultations réalisez-vous, en moyenne, chaque semaine ?

Avant la pandémie, je réalisais environ 3 téléconsultations par semaine.
Aujourd’hui, j’en fais entre 15 et 20 par jour dont un tiers, environ, pour des suspicions ou des cas avérés de COVID-19. Les autres concernent des patients respectueux du confinement, qui consultent pour d’autres pathologies.

Quelles sont les limites de la téléconsultation ?

La seule, à mon sens, est l’impossibilité de réaliser un examen clinique.

Lorsqu’un patient vient en cabinet, l’interrogatoire constitue 90% de la consultation. Dans la majeure partie des cas, il permet de connaître, par avance, le diagnostic. Il arrive, néanmoins, que l’examen clinique révèle une pathologie plus sérieuse, soit parce que l’interrogatoire n’a pas été bien fait, soit parce que le patient a mal répondu. La téléconsultation ne permet pas de se prémunir de ce genre de cas.

Dans le cas du COVID-19, si la téléconsultation permettait d’utiliser un stéthoscope, un tensiomètre et un saturomètre, nous n’aurions jamais besoin de voir les patients pour savoir où les orienter.

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(1) Source : Assurance maladie à l'AFP (confirmant une information du magazine médical Le Généraliste)