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Les médecins doivent réussir leur transformation numérique, mais pas n’importe laquelle…

Le numérique implique de profonds changements dans notre façon de travailler et de communiquer. Depuis quelques années, le développement de la « e-santé » soulève un certain nombre d’inquiétudes, notamment sur le plan déontologique. Les médecins doivent trouver le sens à donner à leur transformation numérique. Cet enjeu dépasse le cadre individuel et concerne l’avenir de toute la profession.

S’appuyer sur le numérique pour créer les conditions du changement nécessaire à notre profession.

Les médecins dénoncent régulièrement de devoir appliquer des directives qu’ils n’ont ni choisies ni même souhaitées. Les conditions d’exercice de la médecine se sont progressivement dégradées. La qualité perçue de notre métier se dégrade et ne correspond plus aux efforts fournis. Les syndicats n’arrivent plus à rassembler suffisamment (20% de médecins affiliés en 2008, contre 60% en 1960 - source).
Des changements s’imposent.

Ces changements sont possibles grâce à un atout de notre époque : la « transformation numérique ».

Au même titre que la révolution industrielle du XIXème siècle, puis informatique dans les années 1970, la transformation numérique apporte son lot d’innovations et provoque des changements importants, tant sur notre société que sur nos habitudes et nos croyances. Le monde n’a jamais été aussi connecté, l’information aussi accessible. Ces nouveaux moyens de communication nous ont fait entrer dans l’ère de l'immédiateté.

Les comportements ont déjà évolué. Mais la direction empruntée est-elle bonne ?

En amont de la consultation, les patients recherchent sur Internet des informations concernant leurs symptômes et les traitements à envisager. Le diagnostic posé ou le traitement proposé pouvant être remis en question, la relation patient-médecin a changé. Entraînés par la société de consommation, nos patients sont habitués à avoir tout, tout de suite. Pourtant, nous le savons mieux que quiconque : « la médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce » (art. 19 de notre code de déontologie). Alors, de grâce, n’encourageons ni cette consommation de soins, ni les solutions qui pourraient en favoriser l’émergence…

La méfiance des médecins vis-à-vis des nouveautés technologiques

Cette transformation numérique a démarré avec l’informatisation des cabinets médicaux et l’introduction des logiciels métiers. Plus récemment, certains outils ont agité le paysage médiatique : d’abord la prise de rendez-vous en ligne, puis les services de téléconsultation. Avec ces nouveaux services, des inquiétudes sont apparues.

Ces nouvelles entreprises, majoritairement fondées par des « non-médecins », ont toutes surfé sur des frustrations exprimées par les patients : des délais de rendez-vous trop longs, notamment pour certaines spécialités, ou encore la difficulté de trouver un médecin dans les zones dites de « désert médical ».

Ces frustrations, réelles, ont fait le jeu de nombreuses start-up qui les ont transformées en véritables opportunités d’affaires. Face à l’émergence de ce mouvement, les financiers ont vite senti l’intérêt de soutenir les acteurs les plus ambitieux… Des centaines de millions d’euros sont injectées dans ces nouvelles structures. Mais prenons un peu de hauteur sur cette source de financement : Comment justifier à un médecin le besoin de lever 150 millions d’euros pour proposer un service de prise de RDV en ligne ? La captation du « marché » et sa concentration au sein d’un acteur unique n’est-elle motivée par des raisons bien moins avouables ?

Même constat concernant la téléconsultation : à peine son remboursement annoncé par l’Assurance Maladie, les outils se sont multipliés à vitesse de l’éclair. Depuis, la presse s’est emparée de ce sujet vendeur, faisant croire que ces outils apporteraient une solution miracle au problème des « déserts médicaux ». Entre articles de journalistes et publi-rédactionnels financés par ces sociétés, la frontière est quasiment indiscernable.

Au milieu de tout ça, les médecins sont parfois curieux, mais bien souvent perplexes. Chaque nouveauté présentée à un goût toujours plus amer : celui d’être pris pour le « gentil payeur ».

En plus de l’aspect économique, la méfiance relève essentiellement de la morale.

Certains acteurs proposent des services qui participent à la dévalorisation de notre profession et de son rôle sociétal. Prenons l’exemple de Google qui publie des avis de patients mécontents qui y trouvent une tribune inespérée pour exprimer leur frustration (pour ne pas dire plus). Pire encore : des services se sont créés (comme MediEval4i) pour relayer ces fameux avis, de manière organisée.

docto-chrono

Parlons aussi du cas de DoctoChrono, qui promettait aux patients d'obtenir un rendez-vous très rapidement, contre 30 ou 40€ : un exemple caricatural de marchandisation du soin. Heureusement, certains dénoncent activement ces dérives, comme Jérôme Marty (président de l'UFML-Syndicat) qui a saisi l’Ordre des Médecins sur ce sujet. C’est probablement la rançon du développement des plateformes de rendez-vous en ligne ou tout y semble équivalent, nivelé par le bas, et parfois même mis en concurrence.

Une recherche sur Google suffit pour s’apercevoir qu’Internet est devenu une sorte de supermarché du soin, où les services d’annuaires se disputent les premières places. En référençant tous les médecins, sans même avoir recueilli leur consentement, ces services attirent de nombreux patients et renforcent leur position de « place de marché » pour ensuite aller vendre leur service de prise de rendez-vous en ligne aux médecins.

Mais où est donc passé la relation médecin-patient, basée sur la confiance et l'écoute, qui se construit au fil du temps, dans l’intérêt du patient ?

Lutter ensemble contre la médecine de "supermarché"

En moins de 10 ans, on ne compte plus les secteurs d’activités qui se sont fait « ubérisés » par des acteurs peu scrupuleux, dotés de moyens colossaux…

MadeForMed défend une toute autre vision de la transformation numérique dans le secteur de la santé :

Placer les médecins au centre des évolutions à venir.

Cette conviction nous anime depuis toujours. Chaque fonctionnalité a d’abord été pensée « pour le médecin ». Toute la subtilité de notre démarche repose sur le fait de trouver le bon équilibre entre la protection du médecin et le besoin de répondre aux demandes de ses patients. Chacun de nos choix a toujours été guidé par l’indépendance des médecins et le renforcement du lien qu’ils peuvent avoir avec leurs patients : proposer la prise de RDV sur le site internet du cabinet, en marque blanche, pour ne jamais s’intercaler entre le médecin et son patient, et préserver l’indépendance du point d’entrée de son activité libérale.

Aujourd’hui, MadeForMed poursuit son engagement en ouvrant son capital à ses utilisateurs. En fédérant les médecins autour d’un projet commun, chacun pourra proposer ses idées d’améliorations et voter pour les évolutions qu’il juge les plus pertinentes. La transformation numérique des médecins sera réussie si elle permet d’améliorer durablement les conditions d’exercice de la profession. L’accès aux soins et la démographie médicale suivront, si l’attractivité de la profession est restaurée : traitons la cause plutôt que les symptômes.

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Les fondements du projet MadeForMed Family


Dans les prochaines années, la technologie va prendre de plus en plus de place. Prenons garde à ce que les changements proposés ne soient pas seulement de nouvelles opportunités d’affaires. Il est de la responsabilité des médecins de favoriser et de soutenir des services qui respectent leur indépendance à long terme.

Ensemble, posons les fondations d’une transformation numérique « éthique et participative ».

Note : Depuis la rédaction de cet article, 10% de nos utilisateurs médecins sont devenus actionnaires avec nous. Le lancement de MadeForMed Family est une réussite et nous espérons continuer à fédérer toujours plus de médecins dans cette direction à l'avenir.